
L’hypnose en toute sécurité ?
L’hypnose de manière générale fait généralement peur à cause de nombreuses idées reçues. Nous allons démystifier cette pratique et répondre aux questions qui inquiètent le plus souvent.
Mais avant, nous allons étudier un système de sécurité que chacun possède et que l’on appelle : « l’intention positive de l’inconscient »
Qu’est-ce que « L’intention positive de l’inconscient » ?
L’inconscient est l’esprit du corps physique. Son rôle principal est de nous maintenir en vie en activant chaque seconde toutes nos fonctions vitales.
Comme nous l’avons vu dans un autre article, il gère les fonctions corporelles comme la régulation de la température de notre corps, le rythme cardiaque, le système immunitaire, le bon fonctionnement de nos organes, mais aussi nos réflexes, choix, pensées et émotions de façon autonome. C’est automatique.
Il a toujours une intention positive bien que celle-ci ne corresponde pas toujours aux attentes du conscient.
On pourrait dire qu’il fait ce qu’il sait faire et toujours dans une bonne intention.
C’est par exemple l’inconscient qui agit lorsque nous tentons de retenir notre respiration. Impossible de ne pas respirer plus d’un certain temps qui engagerait notre pronostic vital. Qu’on le veuille ou non, l’inconscient active automatiquement l’obligation de respirer.
Lorsqu’un comportement qui ne nous convient pas est mis en place par l’inconscient, c’est pour nous protéger de quelque chose de plus important. Parfois l’inconscient met un comportement utile à un instant donné et aura tout simplement oublié de le « débrancher » une fois la nécessité passée.
En hypnose, nous allons pouvoir contacter l’inconscient pour lui suggérer de trouver une autre façon de faire, un autre comportement à mettre en place, une autre solution qui, à la fois respecte l’intention positive de départ et permet également de changer ce qui ne nous convient pas.
Nous allons illustrer son fonctionnement et son intention positive par un phénomène connu de tous ; le froid.
Lorsque notre température corporelle chute, nos poils se redressent pour former une couche isolante et nos muscles tremblent pour générer de la chaleur. Si la température de notre corps continue à baisser, le sang et la chaleur se concentrent vers les organes vitaux. Les extrémités comme les doigts ou les pieds ne sont plus une priorité pour les mécanismes d’intervention d’urgence de notre corps. Dans un cas comme celui-ci, il est évident que le conscient aimerait toujours avoir chaud au pieds et aux mains, mais pour l’esprit du corps physique, l’inconscient, sa mission est de nous maintenir en vie.
Dans ce cas précis, l’intention positive de l’inconscient est d’arrêter l’irrigation des extrémités pour pouvoir préserver les organes vitaux.
Au niveau des comportements, des addictions ou autres désordres, c’est la même chose, à la différence que nous pouvons suggérer à l’inconscient de trouver d’autres solutions plus « cool » et mieux adaptés.
Certains comportements ont ainsi été mis en place par l’inconscient à un moment donné de votre vie. Ce « moment » est passé, mais le « programme » de défense et de protection mis en place par l’inconscient n’a pas été effacé.
L’intention positive de l’inconscient engendre un comportement que l’on appelle parfois « béquille ». Ce terme est également bien approprié. Cette « béquille » permet à la personne de maintenir un certain équilibre psychique. Bien que cet équilibre reste fragile, cette « béquille » joue son rôle. Il est compréhensible que l’inconscient ne peut accepter d’enlever cette béquille tant que la jambe n’est pas opérationnelle. En revanche, cela lui arrive de conserver cette béquille alors que la jambe est réparée, dans ce cas il suffira juste de l’informer que le comportement n’est plus utile et qu’il peut le retirer, tout en le remerciant de l’avoir mis en place quand il le fallait.
Dans d’autres situations, l’intention positive de l’inconscient est actuelle, c’est-à-dire qu’elle sert dans le présent de la personne. Les intentions positives de l’inconscient sont nombreuses et variées. Pour cette raison il sera important de prendre le temps de découvrir et de définir ce que protège cette intention positive.
Une fois que celle-ci aura été repéré, le travail en hypnose pourra se faire en respectant l’intention positive de départ et en mettant en place les changements bénéfiques.
Par exemple, si le fait de fumer est un comportement mis en place par l’inconscient dans une intention positive, l’arrêt du tabac doit se faire après avoir travaillé sur les raisons de l’utilité de ce comportement. Si le travail est bien fait en amont, l’arrêt du tabac se fait facilement, en douceur et surtout sans qu’un autre comportement non souhaitable se mette à la place comme la prise de poids, une autre addiction, du stress ou autre.
Je sais que parfois cela peut être frustrant pour une personne de ne pas arrêter de fumer à la première séance, mais il faut comprendre et accepter que l’inconscient à une raison de ne pas accepter ce changement. La cigarette est dans ce cas « la béquille », il convient donc de s’occuper de la jambe et l’inconscient pourra alors accepter de retirer la béquille plus facilement.
« En hypnose, nous sommes sous le contrôle de l’hypnotiseur et il peut nous manipuler »
En hypnothérapie, ceci est faux
L’hypnose thérapeutique est un état de conscience modifiée dans lequel vous restez conscient de ce qui se passe. Restant conscient, vous gardez le contrôle sur la séance ainsi que sur les suggestions qui vous sont faites.
L’objectif de l’hypnose thérapeutique est de vous permettre d’accéder à un plus grand contrôle sur vous-même.
L’hypnothérapeute est là pour vous permettre de modifier par vous-mêmes ce qui vous convient ou ne vous convient pas une fois que le contact entre conscient et inconscient sera établit.
Lors de la séance d’hypnose, le thérapeute isolera l’intention positive de l’inconscient du comportement à changer de manière à ce que l’inconscient puisse expérimenter d’autres solutions. Ces nouvelles solutions pourront alors être confrontées à l’intention positive de manière à vérifier si, d’une part l’intention positive de départ est bien respectée et d’autre part si la nouvelle solution permet les changements bénéfiques désirés.
« Et si je découvrais quelque chose dans l’inconscient qui ne me conviendrait pas ? »
Cela est possible. Cependant, si l’inconscient accepte de faire remonter un souvenir désagréable, c’est parce qu’il sait que vous êtes en mesure de l’affronter. Dans ma démarche, je ne suis pas pour aller fouiller dans ce que l’inconscient à volontairement enfouit. S’il a enfoui certaines choses, c’est pour une bonne raison, encore une fois, son intention est de vous protéger. L’inconscient a cette capacité de créer une forme « d’amnésie » pour protéger l’individu et un certain équilibre psychique.
En hypnose, nous pouvons cependant travailler sur des éléments enfouis sans pour autant les réveiller. Cela se passe alors de manière symbolique. L’inconscient, plutôt que de laisser remonter à la surface une information qui ne pourrait pas être gérée par l’individu, peut laisser entrevoir un symbole qui sera la représentation symbolique de la problématique enfouit. Cette symbolique à l’avantage de ne pas contenir les charges émotionnelles que porterait la situation en elle-même et offre une possibilité de travailler au niveau symbolique ce qui permet de conserver la dissociation nécessaire pour travailler en toute quiétude.
« J’ai peur de ne plus avoir de contrôle et de dire des choses que je veux garder pour moi »
Comme nous l’avons vu, lorsque la personne est dans un état hypnotique thérapeutique, elle est tout à fait consciente. Elle conserve ainsi tout son libre arbitre quant à dire ou ne pas dire ce qu’elle veut.
« J’ai peur de ne pas être réceptif à l’hypnose »
« L’hypnose ne fonctionnera pas avec moi, car je ne sais pas lâcher prise »
Tout le monde est hypnotisable ou pour utiliser des mots plus appropriés, « sensible à la suggestivité ».
Il est vrai que certaines personnes sont plus sensibles que d’autres. Les plus sensibles peuvent entrer plus rapidement et facilement en transe hypnotique et peuvent également aller dans des états de transe hypnotique plus profonde.
Or, les états de transe hypnotique profonde ne sont pas nécessaires pour le travail thérapeutique dans lequel nous travaillons en « transe légère ».
Il est vrai également que certaines personnes ont du mal à lâcher prise et maintiennent volontairement ou non, un état de vigilance et de contrôle. Ceci ne pose aucun problème car la suggestivité fonctionne tout aussi bien.
De manière générale, l’incapacité à lâcher prise se produit lors de la première séance et le lâcher prise s’installe plus facilement lors de la séance suivante.
Cette absence de capacité à lâcher prise peut tout à fait s’entendre et se comprendre dans la mesure où la personne est confrontée à l’inconnu, l’hypnose. Il est donc tout à fait naturel que la personne exerce une certaine vigilance en ne lâchant pas prise tout de suite.
Une fois la première expérience vécue, que la personne a pu observer que l’hypnose est un état dans lequel elle conserve son contrôle, que l’état de détente est agréable et que tout se passe bien, c’est tout naturellement qu’elle sera plus sereine lors de la séance suivante et acceptera d’elle-même à lâcher prise davantage pour s’offrir un moment encore plus agréable et en toute sérénité.
Le manque de lâcher prise de départ fait également partie de l’intention positive de l’inconscient et permet quand même le travail.
« J’ai peur de m’endormir »
L’hypnose thérapeutique n’endort pas, elle éveille.
L’état adéquat est semblable à ces moments où l’on se réveille le matin en ayant conscience d’être en train de rêver ET conscient d’être dans son lit. L’état hypnotique thérapeutique est semblable au sommeil paradoxal. Certaines personnes ayant déjà fait une séance d’hypnose pensent que la séance n’a pas fonctionné car elles étaient restées conscientes et entendaient tout ce qui se disait. Il est dommage que vous n’ayez pas été informé que l’endormissement ou le fait de ne plus avoir conscience de rien n’était pas un état favorable et que ce que vous avez vécu est tout à fait normal. Votre déception peut également être due à une fausse croyance: » en hypnose on dort et on ne se rend compte de rien »
« L’hypnose ne marche que si l’on y croit »
Faux. L’hypnose fonctionne, que l’on y croit ou non.
Il est évident que si la personne se programme elle-même pour que ça ne marche pas, elle aura le résultat de sa propre programmation. La posture favorable pour que l’hypnose fonctionne est celle d’être dans une posture d’évolution et d’accueil à ce qui peut se passer. Juste prendre plaisir et être curieux de faire une expérience évolutive sans rien attendre de particulier. Juste être curieux, vivre, expérimenter et accueillir l’expérience.
» L’hypnose doit fonctionner en une séance »
Ceci est faux.
L’hypnose est un outil très efficace, cependant plusieurs séances sont souvent nécessaires. Bien qu’étant une thérapie rapide elle nécessite un certain nombre de séances pour pouvoir observer des changements importants. Le nombre de séance varie en fonction de chaque personne et de sa problématique. Dans certains cas et lorsque le comportement n’est plus une béquille utile, l’arrêt du tabac peut se réaliser en une seule séance. Pour d’autres, certaines choses sont à travailler en amont avant.
Généralement, 5 à 10 séances sont nécessaires pour travailler sur une problématique et obtenir des changements conséquents. Mais encore une fois, chacun est différent, car chacun est unique.
C’est également parce que chacun est unique que le thérapeute utilisera des méthodes et des approches différentes pour une même problématique.
Lorsque l’on désire accéder à un changement, il est important de s’engager dans sa « guérison » et d’accepter que tout ne change pas tout de suite. L’inconscient à besoin de la patience et de la bienveillance du thérapeute et il a également besoin de votre patience et de votre bienveillance. Laissez-lui le temps d’apprendre et de changer. Soyez sur d’une chose, l’inconscient est votre allié, soyez vous aussi son allié et donner lui la chance qu’il mérite. Sa chance est également la votre, et votre chance est la sienne.
« La réussite est liée à la patience mais elle dépend également de beaucoup de bonne volonté »
Bertrand Vac « La favorite et le conquérant »